Donc
le grand professeur avec la gravité et le sérieux qu'impose sa blouse blanche
de ponte du CHU dit : « on va mettre les infiltrations tout de suite
en place………… (Voyant ma tête) et dès maintenant ! Vu la tête que vous me
faites !!! Nicole !!! Venez voir !!! » Une infirmière toute
sympa vient c’est celle que j’avais vue fin juin qui m’avait fait les radios en
arrivant au service de stomato chirurgie maxillo, elle m’entreprend dans une
salle de soins à part, j’ai chaud, froid, peur, je boue, je tremble, je suis rouge,
bleue, verte, je suis capable de décomposer le spectre de la lumière blanche
tellement que mes yeux larmoient de peur quand elle me demande de m’allonger
sur la table ! elle n’avait jamais vu quelqu’un avoir aussi peur de la vue
d’une seringue et de son aiguille (je ne les
ai pas vu ça doit être petit mais je ne suis pas maso pour regarder non
plus), elle va y aller ; je ne suis pas conne, je me doute bien que si
elle passe la compresse imbibée d’éthanol c’est que ça va arriver assez
rapidement , je supporte , je ne respire pas , je n’ose même pas j’ai peur que
l’aiguille se casse , je deviens chaude et rouge : une boule de feu et de
nerfs, il faut tenir car c’est lent…lent… très lent ce genre d’injection , on
passe au côté gauche , idem , fin on autorise à me relever : ça fait tout
bizarre je ne sens plus rien , vous allez dire que c’est étudier pour …mais
c’est impressionnant tout ça ! Quand on souffre on redevient un peu un
bébé car on est démuni fasse à l’inconnu, la peur, la douleur, et vous devenez
quelqu’un de plus dur car surmonter de grands défis, sa propre peur, vous
détruit et vous endurcit à la fois, c’est un mélange d’adulte et d’enfant dans
la même personne …une schizophrénie qui ne serait pas aux mêmes étages …
Donc c’est là qu’on vous pique :
Ce petit traitement « sympathique » va durer 2 fois
par semaine pendant 5 semaines d’affilées !
Peur, stress, angoisse ininterrompues !
10 piqûres !
Non 20 piqûres car 10 séances et des 2 côtés de
l’ATM !!!
Donc 20 piqûres !!!!
Je voudrais remercier Nicole et Sophie ou NS comme Non
Substituable car elles ont su comment gérer l’ingérable car personne d’autres
qu’elles n’ont le droit de s’approcher de mes ATM avec une seringue !
Je
ne suis pas une poupée vaudou ! Inutile de décrire le mal de ventre juste
avant de faire mes 80 bornes pour aller me faire « piquer » , inutile
d’écrire mon état de peur en arpentant les couloirs je ne prends pas les ascenseurs
pour 2 étages (ni pour davantage je suis une « claustro’folle »)
et
surtout qu’ils sont remplis de gens remplis eux-mêmes de microbes , de plus la promiscuité
me donne des vapeurs , étant par ailleurs , en nage avec ma propre peur je
préfère monter des escaliers avant de courir me vider la tête et le reste aux
toilettes !
Pour passer la porte du service afin de m’annoncer à la
secrétaire et de présenter ma pochette pour faire inscrire les actes infirmiers
non sans humour pince sans rire « même chose s’il vous plaît » comme
s’il s’agissait d’une consommation agréable !
J’ai tellement chaud, je
suis à la limite de passer à l’état solide directement à l’état gazeux, sans
passer par l’étape état liquide, c’est ce que les chimistes appellent la
sublimation !
Tellement la peur est grande je suis la seule en t-shirt dans
la salle d’attente, où je scrute le moindre mouvement, où le moindre bruit me fait
sursauter, blanche et rouge de peur …
NS sont tellement adorables qu’elles
évitent de faire augmenter l’attente dans le but éviter d’alimenter ma peur irrépressible et de perdre du temps inutilement.
Je me souviens du mardi gras pour plaisanter , histoire de me
détendre au maximum , je demande si le bonnet de NS a été prévu pour le
Carnaval et me retourne la pareille tout sourire pendant que j’enlève mon pull
pour pouvoir rester en marcel , oui en marcel alors qu’il fait -15°C dehors ,
dans les locaux je n’en sais rien , je ne suis plus capable de savoir quoi que
ce soit , tout ce que je sais c’est qu’il faut que dans l’absolu je sois
immobile , immobile pour ne pas que NS ne me fasse pas de mal elles travaillent
beaucoup et se donnent énormément pour que tout se passe bien , un coup de
compresse d’alcool à droite , elle va piquer , je retiens ma respiration
pendant un temps inouï, je n’ose même pas respirer car j’ai peur que l’aiguille
casse dans la zone péri articulaire , elle me demande de respirer , alors je m’exécute
, en expirant le plus doucement par la bouche je sens que j’ai chaud , elle a
fini enfin !
Ça m’a paru une éternité je ne peux même pas vous dire
combien de temps ça dure certainement 2 minutes … pour ce côté-là !
On n’a
fait que la moitié du boulot aujourd’hui…
NS me tend une compresse pour éponger
la toute petite goutte de sang et que je dois
maintenir la
compresse sans m’évanouir de peur tellement je prends sur moi pour surmonter
cette peur des aiguilles … Elle réapplique la compresse d’alcool à gauche, je me dis
putain je n’aime pas ce côté-là, je n’aime pas je n’aime pas, et ça été
toujours plus douloureux à gauche qu’à droite, allez savoir pourquoi ?!
J’ai le droit à 2 minutes de repris, la « journée »
plutôt la séance du jour finie, je me rhabille tel un automate je dis à mardi
ou à vendredi à NS et « bonne journée » je fais le chemin inverse toujours comme un automate, je ne sais plus penser j’ai fait mon « devoir
d’obligation » j’ai fini c’est tout ce qui compte,
de quoi fragiliser
encore plus cet ensemble instable …
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