« On
va extraire vos 4 DS sous AG (Anesthésie Générale), il s’arrête sur un point particulier,
décidément ! Le nerf dentaire passe tout près de la dent 48, je ferai attention,
je le note sur votre dossier, il n’y aura pas de soucis »
(Oh Putain , j'aurai dû me barrer à cet instant précis en courant , SORS ! SORS ! SORS ! Cette année j'aurai fait deux belles conneries , ça et choisir d'aimer un crétin à l'ego hypertrophié , bon on guéri du deuxième... Bonne nouvelle ! Trêve de digression ...)
Nous
fixons la date d’opération après le bac et son rattrapage car je ne suis pas un
super cerveau je peux être sur la tangente, donc en jeune adulte responsable je
prends des dispositions pour ne pas être opérée le jour du rattrapage, et de ne
pas avoir à supporter les effets indésirables d’une anesthésie générale sur ma
capacité à composer le jour de l’examen !!!
Nous
la fixons au lundi 10 juillet 2006, au matin (oui ça fait date d’exécution
programmée), le lendemain de la Coupe du Monde de foot, oui, oui, oui, oui,
oui ! LA fameuse année où Zidane a été mettre un coup de tête
(mérité ?) à Matterazi et qu’il lui a valu l’exclusion du terrain alors
que son équipe était sur le point de gagner un truc de « Buffone »
oui, c’est ainsi ! Oui, c’est « injuste » tout comme se taper un
PV pour une connerie de rien du tout …On n’en meurt pas hein ?!
HIGHWAY TO HELL !
10
juillet au matin,
Je
suis amoureuse d’un mec qui ne l’est pas vraiment : qu’est qu’il fait avec
toi ? Je ne sais pas … Il ressemble à quoi ? Il s’appelle
comment ? Il ressemble à un floutage car il n’a jamais voulu que notre
histoire soit connue de tous donc comme j’ai un sens de l’honneur je ne
balancerai rien sur lui et il ressemble à une erreur de casting car un garçon
comme lui (coureur comme il n’est pas permis , naturiste ET communiste (je
ne vous fais de dessin !) ) et une fille comme moi ( fille sérieuse cherche
juste un garçon pour une belle histoire passionnée (cette époque où je croyais peut être à un
semblant de prince charmant là je ne crois à rien du tout merci de respecter
cela c’est mon droit le plus fort de penser haut et fort tout ce que je veux de
la vie) Cela ne pouvait pas fonctionner un seul instant !
J’ai
obtenu mon Bac sans aller au rattrapage,
ouf ! Avec un 10 et des brouettes de moyenne générale, je l’ai c’est l’important,
et c’est tout ce qu’il y a de plus important ! Pour l’instant !
J’arrive
dans l’hôpital le vieux machin dont les murs vous font frissonner avant même de
commencer quoique ce soit , on ne trouve pas l’endroit où se trouve ma chambre
pour l’hospitalisation en ambulatoire , on met un temps qui me semble long car
quand vous êtes à jeun , le temps vous paraît encore plus long que le truc le
plus long que vous connaissiez, on finit par trouver cette chambre , une gamine
de 14 ans est là seule , je me commence par m’installer , les infirmières
arrivent pour me préparer , elles veulent faire une prise de sang pour les
plaquettes et le groupe sanguin , je décline fermement et poliment l’injonction
en arguant que ça été fait il y a une quinzaine de jours et que l’anesthésiste
a approuvé donc il n’y a rien à redire , et que c’est non je refuse la prise de
sang , hé oh ! La journée va être longue ça va être ma fête, oui je vais
prendre ! (cf. Max Boublil) et même pour longtemps (mais à cet instant je
ne le sais pas encore si je me doute que je vais prendre lourd pour allez, disons 3 semaines,
1 mois grand maximum)
On
me file une blouse qui ne ferme même pas dans le dos, hum j’adore ! Ceci dit toutes les blouses d’hôpital ne fermeraient pas
dans le dos, cela serait donc normal. Mes "amis" naturistes adoreraient
avoir la même mais pas moi, le Colin Firth l’ORL arrive, grand sourire de bonne
humeur, « comment allez-vous mes demoiselles ce mâtin ? Prêtes ?
, dans ma tête « oui , oui , abruti tu vas te faire opérer et tu es incroyablement
contente d’être là , t’as pas bouffé , t’as la dalle , t’as soif , on est en
juillet fait lourd et chaud, t’as peur , tu voudrais courir chez toi pieds nus
si c’était humainement possible de le faire, tellement que tu ne veux pas être
là , car t’as toutes les raisons du monde de ne pas vouloir monter à l’échaff’ euh
pardon, descendre au bloc ! » ; ma bouche a dit « oui ,
oui » le bonhomme s’est barré , et avec la toute jeune fille on se
regardait pour savoir qui allait passer en premier, je suis allée , un nombre
incalculable de fois faire pipi mais des envies urgentes d’uriner violemment , c’est fou ce qu’on peut
sortir par la peur , incroyable même !
On écoutait, analysait, tous les bruits de pas,
de portes, de brancards, pour détecter leur arrivée…
Les
brancardiers , ils sont deux , ils arrivent, ils sont là, ils viennent chercher
ma jeune voisine , on se fait signe de la main , et je lui dis bonne chance et
à tout à l’heure , elle me répond de la pareille, je suis seule dans ma chambre
, vide et stressante d’attente interminable, c’est le vide et le trop plein à la
fois , je retourne aux toilettes X fois
malgré les calmants pour contrer ma nervosité, je tourne , mais j’arrive à
faire ces allers retours , et merde les voilà c’est mon tour , il est 10h20 ,
allez hop au bloc !
On vous fait attendre 1 heure dans l’antichambre de
l’enfer vous voyez fourmillez ces toubibs, ces infirmières, masqués en vert et
bleu, c’est un verre que je veux, juste un verre d’eau pour étancher ma peur,
11h20 ça y est Colin Firth is back !
On me fait passer de mon lit au
billard j’ai juste un pauvre drap je suis nue, de chez nue, j’ai rien, sympa
faut avoir confiance, que des mecs en plus, sympa, merci, Colin pousse le
billard à toute vitesse, l’anesthésiste l’interpelle ! Oh oh Colin tu te
calmes ! Du calme !
Merci l’anesthésiste il est assez âgé et il est hyper
compréhensif, c’est lui qui m’a filé les calmants pour que je sois opérable, Il
me demande si ça va, si ça a bien marché, on me scratche –mal- le bras pour la
tension, on me pique pour le cathéter malgré le patch je l’ai senti passé !
J’ai poussé un "putain la vache !"
Yeux écarquillés de l’assemblée
opératoire ! "Pardon, vous ne dites jamais de gros mots" (surtout pendant
que les patients dorment), "c’est bon je n’ai pas pleuré ma mère non plus !"
Hop fini rideau ! (...et la fin des haricots ! )
J’entends
les tuts , tuts , ah ça y est je suis en salle de réveil , aie ,aie , mon bras
droit me serre , le brassard qui mesure la tension artérielle , pschout , ça
gonfle , ça dégonfle , et ça passe chez mon voisin , ah ça fait le tour, ah
j’entends celui de mon voisin de gauche , allez encore à moi, je sens que j’ai
la tête engourdie , une infirmière s’approche je comprends qu’elle vérifie si
mes poches de glace autour de la tête sont bien placées, l’équipe de choc me
reprend et me ramène à la chambre , la pièce est bondée, de la mère et des
frères et sœurs de ma petite voisine , tout le monde me regarde de travers ,
mais vraiment on me regarde bizarrement , avec une sacrée insistance , je
suis dans le coton je ne comprend pas pourquoi ces gens mes regardent comme ça
, oh même les infirmières s’y mettent , c’est moi qui doit délirer , avec les
calmants plus l’anesthésie , ça doit être un cocktail hallucinogène ?!
On
me fait manger …Souffrance absolue l’infirmière m’enfile la cuillère dans la
bouche qui peut à peine s’ouvrir à cause du formidable trismus , par un geste
magique je lui tape la main pour m’emparer de cette satanée cuillère , elle n’a
pas aimé et moi non plus , un partout la balle au centre , je ne pensais pas
que le match aller durer si longtemps si j’avais su…
Le
retour à la maison me semble interminable , il fait chaud , il fait lourd ,
le ciel est fait de plomb, la sortie de l’hôpital guidée par le bras de ma
mère, me semble infini , je ne sais même plus à quoi ressemble le dédale qui
allait de cette chambre d’hospitalisation en ambulatoire à la voiture , les 40
km pour rentrer à la maison sont atroces , la route me semble cabossée , tout
vibre dans ma tête , comme si le plancher de la voiture aller s’effondrer en
roulant…
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