jeudi 27 février 2014

ROULETTE RUSSE


Donc le grand professeur avec la gravité et le sérieux qu'impose sa blouse blanche de ponte du CHU dit : « on va mettre les infiltrations tout de suite en place………… (Voyant ma tête) et dès maintenant ! Vu la tête que vous me faites !!! Nicole !!! Venez voir !!! » Une infirmière toute sympa vient c’est celle que j’avais vue fin juin qui m’avait fait les radios en arrivant au service de stomato chirurgie maxillo, elle m’entreprend dans une salle de soins à part, j’ai chaud, froid, peur, je boue, je tremble, je suis rouge, bleue, verte, je suis capable de décomposer le spectre de la lumière blanche tellement que mes yeux larmoient de peur quand elle me demande de m’allonger sur la table ! elle n’avait jamais vu quelqu’un avoir aussi peur de la vue d’une seringue et de son aiguille (je ne les  ai pas vu ça doit être petit mais je ne suis pas maso pour regarder non plus), elle va y aller ; je ne suis pas conne, je me doute bien que si elle passe la compresse imbibée d’éthanol c’est que ça va arriver assez rapidement , je supporte , je ne respire pas , je n’ose même pas j’ai peur que l’aiguille se casse , je deviens chaude et rouge : une boule de feu et de nerfs, il faut tenir car c’est lent…lent… très lent ce genre d’injection , on passe au côté gauche , idem , fin on autorise à me relever : ça fait tout bizarre je ne sens plus rien , vous allez dire que c’est étudier pour …mais c’est impressionnant tout ça ! Quand on souffre on redevient un peu un bébé car on est démuni fasse à l’inconnu, la peur, la douleur, et vous devenez quelqu’un de plus dur car surmonter de grands défis, sa propre peur, vous détruit et vous endurcit à la fois, c’est un mélange d’adulte et d’enfant dans la même personne …une schizophrénie qui ne serait pas aux mêmes étages …

Donc c’est là qu’on vous pique :






Ce petit traitement « sympathique » va durer 2 fois par semaine pendant 5 semaines d’affilées ! 
Peur, stress, angoisse ininterrompues ! 
10 piqûres ! 
Non 20 piqûres car 10 séances et des 2 côtés de l’ATM !!! 
Donc 20 piqûres !!!!
Je voudrais remercier Nicole et Sophie ou NS comme Non Substituable car elles ont su comment gérer l’ingérable car personne d’autres qu’elles n’ont le droit de s’approcher de mes ATM avec une seringue ! 

Je ne suis pas une poupée vaudou ! Inutile de décrire le mal de ventre juste avant de faire mes 80 bornes pour aller me faire « piquer » , inutile d’écrire mon état de peur en arpentant les couloirs je ne prends pas les ascenseurs pour 2 étages (ni pour davantage je suis une « claustro’folle ») 
et surtout qu’ils sont remplis de gens remplis eux-mêmes de microbes , de plus la promiscuité me donne des vapeurs , étant par ailleurs , en nage avec ma propre peur je préfère monter des escaliers avant de courir me vider la tête et le reste aux toilettes ! 
Pour passer la porte du service afin de m’annoncer à la secrétaire et de présenter ma pochette pour faire inscrire les actes infirmiers non sans humour pince sans rire « même chose s’il vous plaît » comme s’il s’agissait d’une consommation agréable ! 
J’ai tellement chaud, je suis à la limite de passer à l’état solide directement à l’état gazeux, sans passer par l’étape état liquide, c’est ce que les chimistes appellent la sublimation ! 
Tellement la peur est grande je suis la seule en t-shirt dans la salle d’attente, où je scrute le moindre mouvement, où le moindre bruit me fait sursauter, blanche et rouge de peur … 
NS sont tellement adorables qu’elles évitent de faire augmenter l’attente dans le but éviter d’alimenter ma peur irrépressible et de perdre du temps inutilement.

Je me souviens du mardi gras pour plaisanter , histoire de me détendre au maximum , je demande si le bonnet de NS a été prévu pour le Carnaval et me retourne la pareille tout sourire pendant que j’enlève mon pull pour pouvoir rester en marcel , oui en marcel alors qu’il fait -15°C dehors , dans les locaux je n’en sais rien , je ne suis plus capable de savoir quoi que ce soit , tout ce que je sais c’est qu’il faut que dans l’absolu je sois immobile , immobile pour ne pas que NS ne me fasse pas de mal elles travaillent beaucoup et se donnent énormément pour que tout se passe bien , un coup de compresse d’alcool à droite , elle va piquer , je retiens ma respiration pendant un temps inouï, je n’ose même pas respirer car j’ai peur que l’aiguille casse dans la zone péri articulaire , elle me demande de respirer , alors je m’exécute , en expirant le plus doucement par la bouche je sens que j’ai chaud , elle a fini enfin ! 

Ça m’a paru une éternité je ne peux même pas vous dire combien de temps ça dure certainement 2 minutes … pour ce côté-là ! 
On n’a fait que la moitié du boulot aujourd’hui… 
NS me tend une compresse pour éponger la toute petite goutte de sang et que je dois maintenir la compresse sans m’évanouir de peur tellement je prends sur moi pour surmonter cette peur des aiguilles … Elle réapplique la compresse d’alcool à gauche, je me dis putain je n’aime pas ce côté-là, je n’aime pas je n’aime pas, et ça été toujours plus douloureux à gauche qu’à droite, allez savoir pourquoi ?!
J’ai le droit à 2 minutes de repris, la « journée » plutôt la séance du jour finie, je me rhabille tel un automate je dis à mardi ou à vendredi à NS et « bonne journée » je fais le chemin inverse toujours comme un automate, je ne sais plus penser j’ai fait mon « devoir d’obligation » j’ai fini c’est tout ce qui compte, 

de quoi fragiliser encore plus cet ensemble instable …

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